[Test] Astell&Kern AK240 : l’ultime frontière !

Voilà ! Enfin face au maître, l’Astell & Kern AK240, baladeur de tous les superlatifs. Sans aucun compromis, il est, à l’exception d’une étrangeté, le modèle le plus cher du marché. Pas de sagesse dans ses lignes, Astell prend le contre-pied du design à la mode. Pas d’arrondis, seulement des arrêtes, des lignes, des tranchants, et un corps taillé dans l’aluminium aéronautique. Une merveille de fabrication dont l’esthétique, pourtant, partage assez largement.
Mais derrière sa carrosserie se cache ce qui se fait de mieux. Mémoire interne record, double dac, DSD en natif, connectivité quasi complète, de quoi calmer la concurrence et, peut-être, expliquer son prix proprement délirant. Le meilleur ?

Design / Fabrication

Le AK240 est le modèle le plus ancien encore en vente par la marque. Rejoint par les AK100 II et AK120 II dans le design général, il garde sous la main des lignes particulièrement étranges, que l’on qualifiera d’osées. Côtés appréciations, les remarques vont du génie à l’accident industriel, c’est dire si ce baladeur divise. Je suis un peu entre les deux pour ma part. La marque ose et le fait d’une manière vraiment à part. Là où beaucoup vont au plus simple, généralement en un bloc parallélépipédique, Astell & Kern amène une sorte de distorsion esthétique.

Côté matériaux, nous sommes sur un aluminium plus qualitatif que la norme, l’alliage duralumin, un classique de l’aéronautique sans être le meilleur, après le tout le but n’est pas pour lui de se faire rouler dessus. Reste qu’il est bien supérieur à celui utilisé dans les AK100II et AK120II, ainsi que dans l’intégralité des baladeurs d’alu usiné. Il n’est pas baladeur de luxe pour rien. L’impression de solidité est d’assez loin la meilleure de tous les baladeurs du marché.

Le design du AK240 est particulièrement atypique.
Le design du AK240 est particulièrement atypique.

L’ergonomie générale est légèrement différente des autres modèles, bien que la disposition des boutons sur les tranches reste la même. Tout d’abord, la molette est calée dans une excroissance de la coque, ce qui la protégera un peu plus et facilitera l’utilisation à une main, mais ne permet pas un défilement aussi rapide. Je préfère néanmoins cette option, un peu plus pratique à mon sens, notamment dans une poche.
Comme nous l’avons dit, le design étrange, laissant une sorte de renfoncement côté droit, permet au baladeur de se caler bien mieux dans la main… droite. Pour les gauchers il faudra se forcer.

Côté boutons la marque se contente du minimum. Les On/off et play/avant/arrière de navigation, ainsi que la molette de réglage de volume, très bien finie mais laissant une excroissance sur sa tranche droite. Ce dernier point permet une très bonne saisie, mais ne sera pas forcément pratique dans des poches très serrées.

Pour le reste, les nouveaux modèles AK100II et AK120II se sont calés sur son approche des touches et des connectiques, nous reprendrons donc les mêmes paragraphes.
Port de type micro usb on ne peut plus classique, permettant le branchement en mtp (transfert de fichiers) ou DAC, la fonction indispensable pour ce type de lecteur.
Sur le dessus un branchement Jack 3,5mm et une sortie symétrique 2,5mm. Pas plus de sorties ? Non, car la sortie Jack 3,5mm fait également office de sortie Ligne (bypass de l’ampli casque pour un branchement sur amplificateur externe) ainsi que sortie optique pour un branchement sur DAC externe.
Enfin, présence du port micro SD pour une extension de mémoire quasi obligatoire. La touche iRiver est ici de placer la carte très en retrait. Comprenez qu’elle ne sortira clairement pas de son encoche toute seule, mais qu’il est très préférable d’avoir des ongles.

Détails techniques

Encore une fois, Astell & Kern fait payer très cher le peu de différence avec le modèle précédent, à savoir l’AK120II, dont l’addition était déjà franchement élevée.
L’AK240 reste sur du double Dac Cirrus, architecture du AK120II, difficile de demander mieux en partant sur ce type de puce. Le modèle met en revanche en avant la lecture en natif du DSD, chose indispensable pour quelques audiophiles, un format extrêmement intéressant encore que peu répandu. Le AK240 a ainsi implémenté la correction de jitter spécifique lié à ce format et l’électronique qui va avec.
On passe également à un très confortable 256mo de mémoire interne, ce qui devrait être suffisant pour l’immense majorité des gens et constitue un record dans le genre. Le prix d’une telle mémoire étant encore très élevée pour une telle capacité, il est sans doute la première raison du surcout.
Pour le reste, la batterie et les caractéristiques générales restent strictement les mêmes.

L'ergonomie et l'OS est typiquement le même que sur ses petits frères.
L’ergonomie et l’OS est typiquement le même que sur ses petits frères.

Navigation / Interface

Austérité il faut bien l’avouer. Basé sur une surcouche Android, l’interface du AK240 n’en reste pas moins très triste, mais pas vilaine pour autant. Il y a un écran OLED, mais la marque ne le pousse clairement pas dans ses retranchements. Tout est simple, carré, dans les tons ternes, gris mêlé à d’autres nuances de gris.
L’interface de démarrage nous laisse avec un choix simple. La dernière piste jouée (ou en cours), Le MQS Streaming (nous y reviendrons), les réglages, et un bon 40% occupé par la navigation musicale par thème : Genres, Albums, Artistes, Chansons, Playlist, et bien sur Navigation par dossiers, ce dernier étant le seul que j’utilise vraiment et généralement le plus utilisé.

Réglages

Une simple page, très simple, toujours austère mais très claire. Celle-ci permet ni plus ni point d’accéder à tous les paramètres d’interface, de son et sorties son, ainsi que d’ergonomie

La navigation musicale est à la l’image du reste : simple et sans fioriture. On a déjà vu plus fluide, mais il n’y a jamais de freeze (blocage de l’image quelques secondes) ou de bugs majeurs, et la majorité des baladeurs audiophile fait (malheureusement ou heureusement) pire voire bien pire. Difficile de classer ça comme un bon point pourtant.
Même constat pour le tactile. Nous ne sommes pas au-dessus du lot en termes de qualité, mais ce modèle est tellement au-dessus en terme de réactivité et de précision que les ibasso qu’il est difficile de vraiment juger. Il répond bien, sans avoir à insister 2 ou 3 fois.
Pour ne pas changer, le lancement des pistes, le passage de pistes, mise en pause etc… est également très réactif, sans les petits lags rencontrés trop souvent dans ce type de lecteurs.
Petit plus, le contour particulier du AK240 lui permet d’être mieux calé dans la main que les autres modèles de la marque.

Le réglage du volume se fait toujours via la molette numérique.
Le réglage du volume se fait toujours via la molette numérique.

Qualité sonore.

Il y aurait à la fois beaucoup et peu à dire sur ce modèle, cela pour une raison simple : Le AK120 II. Ce dernier partage la quasi-intégralité des composants liés au son. Rien de surprenant donc, la qualité sonore de l’un et l’autre se tiennent dans un mouchoir de poche en utilisation normale. Dommageable ? Oui et non. Le but du AK 240 n’est pas uniquement là. On parle de baladeurs de luxe, d’une marque de luxe, le AK 240 n’est rien de moins que le porte-étendard de cette philosophie.

Un changement subtil néanmoins, la lecture en natif du format DSD, le lecteur intégrant la correction d’horloge adaptée. J’aime particulièrement ce dernier, bien plus intéressant que le DXD qui n’est rien d’autre qu’une approche surgonflée du flac classique. Le DSD est ainsi le top de ce que vous pourrez trouver en audio. Les enregistrements ne sont pas incroyablement nombreux, mais l’offre s’étoffe légèrement. Si ce format est d’importance pour vous, la différence AK120 II / AK 240 est alors justifiée.

Pour le reste, la même qualité exceptionnelle sur intra et casque nomade, le fourmillement de petits détails et la linéarité (dans le bon sens) de la réponse en fréquence, une démonstration sonore. Bémol sur la puissance de sortie, pas vraiment adaptée aux casques de salon. Si l’utilisation mixte (nomade et sédentaire) est pour vous une priorité, mieux vaut oublier cette marque. Les Fiio X5 et surtout Cayin N6 feront cela infiniment mieux.

La prise en main est agréable grâce au design.
La prise en main est agréable grâce au design.

Autonomie

La batterie de ce modèle est de 3250mAh, exactement ce que propose le AK120 II et un poil supérieur au AK 100 II et ses 3150mAh. Rien de surprenant donc, nous sommes à peu près à l’équivalence, restant dans une fourchette large de 12-16hr suivant l’utilisation. La lecture DSD ou DXD en haute définition restant de loin la plus énergivore. Des intras et un volume modéré en FLAC, et les 16hr sont très atteignables, un des avantages de la marque sur la concurrence.
Stockage
Si en pratique le AK240 possède un espace micro SD accueillant jusqu’à 128go, cette utilisation n’est pas obligatoire, loin de là. En effet, le stockage record de 256Go bat de très loin tout ce qui se fait sur le marché du baladeur audiophile. A moins d’être très gourmand, ce genre de stockage assurant l’équivalent de 800-1000 cd audio devrait largement suffire.

MQS Streaming

Premier modèle ayant accueilli le MQS streaming, il est assez logiquement celui sur lequel le logiciel fut le plus stable. Les récentes mises à jour ont totalement gommées les différences entre lui et les autres baladeurs AK100II et AK120II, le constat est donc le même : une fonction très pratique, demandant un bon réseau wifi, assez énergivore mais sans perte de qualité.
Le principe est assez simple, installer un logiciel côté PC (ou mac) sous la forme d’un serveur musical. On ajoute les dossiers contenant la musique à celui-ci, puis on connecte le PC au baladeur via l’onglet MQS. Il reste alors à naviguer dans les dossiers depuis le AK240. Ainsi, il n’y a pas de compression ou de perte musicale comme sur un système airplay ou bluetooth, le baladeur lit les fichiers depuis un stockage distant, rien de plus.
De fait, la qualité audio reste excellente, mais il faudra se contenter d’une navigation plus lente et dépendante de la qualité du wifi, ainsi que d’une utilisation des ressources importantes. Une autonomie en baisse donc.

Réglage du volume numérique.
Réglage du volume numérique.

Conclusion

Le top, à un tarif prohibitif. Lisant en natif les meilleurs formats audio, doté d’une construction hallucinante et abritant les composants les plus avancés, il n’y a guère qu’avec les casques hifis qu’il montrera ses limites, pour laquelle son amplification très sage pourra être un frein. Pour le reste, il est à l’heure actuelle le maitre étalon, car le plus abouti, même s’il n’est pas le meilleur absolument partout. Le prix du luxe, mais pas sans la qualité.

A propos d’Astell&Kern

Astell&Kern est la branche luxe d’une marque pilier dans le monde de l’audio nomade : iriver. Avec le MQS comme crédo (Master Quality Sound) cette marque a été la première à proposer des baladeurs audiophiles alliant le luxe et l’audio. Si la précédente gamme ne nous avait pas convaincu, les séries A100II et AK120II nous semblent déjà plus intéressantes.

Haja Écrit par :

Musique, matos, gadgets. On mixe le tout, et hop !

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